DEUXIEME EDITION DU FORUM NATIONAL POUR LA LUTTE CONTRE LES AVORTEMENTS CLANDESTINS AU CAMEROUN
Category : Actualité
DEUXIEME EDITION DU FORUM NATIONAL POUR LA LUTTE CONTRE LES AVORTEMENTS CLANDESTINS AU CAMEROUN
Yaoundé, CENC, les 26 et 27 septembre 2024
SYNTHESE DES TRAVAUX
Les 26 et 27 septembre 2024, se sont tenus à Yaoundé au Cameroun, et au siège de la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun sis à Mvolye, les travaux de la deuxième édition du Forum national pour la lutte contre les avortements clandestins au Cameroun, sous le thème : « Ensemble pour la prévention des avortements clandestins au Cameroun. »
Organisée par Dynamic Femmes, avec la collaboration du Ministère de la Santé Publique et le soutien de divers partenaires au rang desquels le Centre ODAS, IPAS, DKT et Les Boissons du Cameroun, cette édition a été parrainée par Mme la Sénatrice Françoise PUENE, et placée sous le haut patronage de Monsieur le Ministre de la Santé Publique du Cameroun.
La rencontre a mobilisé plus d’une centaine de participants issus d’horizons divers et parmi lesquels : des personnalités de haut rang du Gouvernement et du Parlement camerounais, de l’Ambassade de France au Cameroun, du système des Nations Unies, du Centre ODAS, de la Magistrature, de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale, des Directeurs Généraux d’entreprises, des universitaires, des médecins, des juristes, des autorités traditionnelles et religieuses, des organisations de la société civile nationale et internationale.
Les travaux se sont déroulés en français et en anglais sous la conduite d’un modérateur bilingue et suivant un programme qui, hormis les pauses ordinaires, prévoyait :
Pour la journée du 26 septembre 2024 :
- L’accueil, l’enregistrement et l’installation des participants
- La Cérémonie protocolaire d’ouverture
- Les exposés et les échanges en plénière
Pour la journée du 27 septembre 2024 :
- L’accueil, l’enregistrement et l’installation des participants
- La restitution des travaux du 26 septembre 2024
- Les sessions thématiques
- La synthèse de tous les travaux et les recommandations
- La cérémonie de clôture
A la première journée, après l’accueil, l’enregistrement et l’installation des participants, le modérateur, après avoir présenté le programme des travaux et donné diverses informations utiles, a introduit la cérémonie d’ouverture.
Cette cérémonie, présidée par Monsieur le Directeur de la Santé Familiale, Représentant personnel du Ministre de la Santé Publique, a commencé par l’exécution du refrain de l’Hymne National du Cameroun en français et en anglais, qui a été suivie par l’allocution de bienvenue de Mme la Présidente exécutive de Dynamic Femmes. Dans son propos, Mme Claudine SIEWE n’a pas manqué de remercier les personnalités, structures et organismes qui ont facilité l’organisation du Forum dont elle a situé les enjeux et décliné les attentes. Ensuite la parole a été tour à tour donnée au Représentant résident de ONUSIDA, à Mme la Directrice Régionale du Centre ODAS, et à Mme la Sénatrice, Marraine de l’événement, qui ont, chacun dans son style, loué l’initiative de tenir un forum sur les avortements clandestins et exprimé leur disponibilité à soutenir de telles actions. Puis Monsieur le Directeur de la Santé Familiale, au nom du Ministre de la Santé Publique, a prononcé le Discours d’ouverture des travaux, à la suite duquel une leçon inaugurale portant sur la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes face à l’avortement a été délivrée par Dr Rachel-Claire OKANI, juriste, experte en genre et consultante internationale. Ladite leçon a essentiellement été centrée sur la déconstruction et la reconstruction du contenu normatif au sujet de l’interruption volontaire de grossesse, dans la perspective d’amorcer une indispensable mue des normes sociales qui aboutisse à une autre approche de l’avortement partagée au moins par un grand nombre à défaut de tous. Elle a planté le décor en suscitant chez les participants de haut rang qui se sont exprimé, des réactions à thèse mais aussi antithétiques dont la pertinence a appelé à passer urgemment aux exposés et échanges en plénière.
En effet, les exposés et les échanges en plénière ont constitué la dernière articulation des travaux de la première journée du Forum. Sept exposés portant chacun sur un thème particulier ont été successivement présentés par des experts judicieusement sélectionnés ainsi qu’il suit :
Le premier exposé portant sur ‘’The WHO 2022 abortion care guidelines’’ a été présenté par Dr Alphonse NGALAME de l’OMS Cameroun.
Le second exposé intitulé ‘’L’avortement : entre l’espoir et le désespoir’’ a été présenté par M. Elie NGUELE MEYANGA, Délégué Régional de la Promotion de la Femme et de la Famille.
Le troisième exposé a été déroulé par Dr Gilles MANDENG, Chef du Service de la santé maternelle à la Direction de la santé familiale du Ministère de la Santé Publique, sur le thème : ‘’Avortement sécurisé au Cameroun : rôle spécifique du MINSANTE dans la lutte contre la mortalité maternelle liée aux avortements.’’
Le quatrième exposé a été celui du Magistrat Patrick BELOMBE sur ‘’Le cadre normatif sur le droit à la santé y compris les droits sexuels et reproductifs’’.
Le cinquième exposé a offert l’opportunité au Dr Florent FOUELIFACK YMELE, Gynécologue-Obstétricien et membre de la SOGOC, de déterminer les ‘’conséquences des avortements à risque sur la santé de la femme’’.
Le sixième exposé présenté par Mme Esther Solange EWOLO, Formatrice en SR/PF à DKT International a été centré sur la question de l’Accès à la contraception pour les adolescents : Défis, Obstacles et Solutions.’’
Et enfin, le septième exposé a permis à M. Philippe TCHAMSI, Responsable des Programmes à Dynamic Femmes, de montrer les ‘’Acquis de Dynamic Femmes dans la lutte contre les avortements clandestins au Cameroun’’.
Ces différents exposés ont donné lieu à des échanges riches et soutenus entre les experts et les participants, qui ont permis d’affiner et d’harmoniser leur compréhension des thèmes abordés et de la problématique des avortements clandestins. Ils ont surtout offert aux participants l’opportunité de discuter et de débattre sans tabou des normes, des croyances et des pratiques liées aux avortements, dans la perspective de tracer des pistes d’actions préventives adaptées au contexte camerounais. Les contraintes liées au temps ont constituées la principale pierre d’achoppement de ces discussions, qui se sont improvisées première articulation des travaux de la journée du lendemain.
En effet, les travaux proprement dits de la deuxième journée du Forum ont commencé par la poursuite des échanges commencés la veille sur les normes, croyances et pratiques liées aux avortements, nourris par des témoignages poignants et des partages d’expérience. La restitution des travaux de la première journée par le secrétariat technique du Forum est venue mettre un terme à ces échanges captivants, tout en permettant aux participants de s’accorder sur l’essentiel à retenir des interventions, débats, analyses et autres activités de la journée d’ouverture.
Cette réminiscence a été utile pour l’ouverture des trois sessions thématiques inscrites au programme. Chacune desdites sessions s’est déroulée sous la conduite d’un modérateur désignée à cette fin à travers un exposé liminaire immédiatement suivi d’échanges.
La première session thématique, portant sur la planification familiale et la prévention des avortements clandestins au Cameroun, s’est ouverte par l’exposé du Dr DONGMO Gaël de l’ONG CAMNAFAW consacré aux ‘’Généralités sur la Planification Familiale’’. Cet exposé et les échanges qu’il a suscités ont permis aux participants d’améliorer leurs connaissances sur la Planification Familiale, ses effets, ses défis et ses limites dans la prévention des avortements clandestins au Cameroun.
La deuxième session thématique a scruté ‘’L’environnement juridique des avortements clandestins au Cameroun’’. Ce thème a été présenté par Mme ADJOMO ELA Emilie Carol épouse ENYEGUE, Cadre à l’Antenne Régionale du Sud de la CDHC, sous la direction du Pr ENDELEY, membre de la CDHC. Les analyses de ces oratrices et les échanges qui ont suivi leurs interventions, ont permis de définir le cadre juridique prohibitif et discordant avec les normes internationales qui régit les avortements clandestins au Cameroun, et d’en montrer les limites, dans un contexte marqué par la crise des valeurs, la stigmatisation et les inégalités de genre dont est principalement victime la femme. Le mandat et les actions de la CDHC en liaison avec la problématique des avortements clandestins ont également été passés à revue.
La troisième session thématique a évalué ‘’La contribution de la société civile dans la lutte contre les avortements clandestins’’. Elle s’est déroulée suivant une approche participative sous forme d’un panel constitué des jeunes représentants des OSC membres du Think Tank Group du Centre ODAS. Après une brève présentation du Think Tank Group, les panélistes, interagissant avec les autres participants, ont mis en exergue les actions non exhaustives des OSC dans la lutte contre les avortements clandestins notamment en ce qui concerne l’offre des services d’éducation, de formation, d’information et de sensibilisation , la clarification des valeurs et la transformation des attitudes, le plaidoyer institutionnel, la lutte contre la désinformation autour de l’avortement et la prise en charge des cas éligibles.
Cette dernière session a constitué la dernière articulation des travaux proprement dits de la deuxième édition du Forum National pour la lutte contre les avortements clandestins au Cameroun.
En définitive, ce Forum a contribué à l’amélioration de la compréhension commune et de l’acceptation sociale des avortements clandestins en tant que problème de santé publique au Cameroun. Il a permis de :
- Sensibiliser les acteurs clés sur les conséquences dévastatrices de l’avortement clandestin ;
- Informer et former les participants sur les offres d’encadrement fournies par les pouvoirs publics, la société civile, les communautés et les organisations internationales pour prévenir les avortements clandestins ;
- Débattre et discuter sans tabou sur les normes sociales, les croyances et les pratiques qui entourent l’interruption volontaire de grossesse, afin de promouvoir une compréhension moins stigmatisante de cette pratique, et de renforcer les actions à mener en vue de prévenir et de diminuer l’impact social des avortements clandestins au Cameroun.
Les principaux domaines d’action identifiés sont la religion, les traditions, coutumes et mœurs, et les lois. Les moyens d’action comprennent entre autres l’éducation, la formation, l’information, la sensibilisation, la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes, l’amélioration de l’offre des services et de la prise en charge, le plaidoyer et le lobbying auprès des principaux dépositaires d’enjeux, des acteurs clés et des communautés, le développement des partenariats multiformes et multi-acteurs, le renforcement de la collaboration et le réseautage.
Aussi, les interventions, les réflexions, les analyses, les discussions et les échanges qui ont eu lieu au cours de cette deuxième édition du Forum National pour la lutte contre les avortements clandestins au Cameroun ont-ils abouti sur des recommandations fortes adressées à toutes les parties prenantes afin qu’elles s’engagent toutes ensemble pour la prévention des avortements clandestins au Cameroun.